Bernard de Marsangy

Mayo 2014

Salamanca

Parti il y a un mois de Grenade, marchant seul sur le chemin mozárabe puis la Ruta de la Plata, m’arrêtant aux étapes classiques qui s’égrènent par Cordoue, Mérida et Cáceres, j’arrive tranquillement à Salamanque avec l’intention de suivre le chemin de Torres vers l’Ouest et la montagne portugaise au lieu de remonter vers le Nord en direction d’Astorga. J’ai lu et relu avec un intérêt certain la description du chemin sur le site caminotorres.com. Par précaution, compte tenu d’une météo changeante, je cherche d’ultimes informations sur le balisage, l’état des gués à passer, la densité des accueils etc…

A l’albergue, derrière la cathédrale, l’hospitalero de service n’a jamais entendu parler d’un camino Torres. Ce nom de Torres rappelle de vagues souvenirs scolaires à des espagnols vététistes mais ils peinent à croire que l’illustre mathématicien-écrivain ait pu pérégriner jusqu’à Santiago et qu’on en garde encore le souvenir aujourd’hui.

A la oficina de turismo, sur la grand’place, les agents d’accueil sont nombreux car c’est la foire du livre. On déplie sur la table un plan de la ville et on me montre le paseo del doctor Torres de Villarroel qui mène de l’avenida del Portugal à la glorieta de Santiago. Sic. Dans les milieux du pèlerinage jacquaire et ceux profanes et professionnels du tourisme et de la randonnée, le camino Torres n’existe pas. Je suis donc persuadé que des étudiants ont monté un vaste canular sur internet en inventant ce chemin imaginaire.

Demain, on ne m’aura pas… je m’engagerai dans la cohorte des pèlerins qui file en rangs serrés vers El Cubo de la Tierra del Vino – Zamora.

Salamanca - Robliza de Cojos

Dimanche 11 mai. Il fait froid, il pleut, les boulangeries sont fermées. A force d’errer en quête d’un bol de café, je franchis le pont. De vieilles flèches jaunes me conduisent vaguement vers le sud. Un bar s’ouvre. A tout hasard, je demande s’il est possible de marcher en direction de Ciudad Rodrigo. Réponse évasive. Je sors le guide imprimé à partir du site déjà cité ; j’en lis trois lignes. La Cañada Real… Evidemment, tout le monde connaît. Je suis sauvé ; le camino Torres existe, je l’ai rencontré à la sortie de Salamanque, en direction du Sud-ouest, non loin du pont romain.

Quelques kilomètres de terre puis de goudron et on est aspiré dans le monde étrange aux mille présences invisibles qui hantent la Cañada de Extremadura. Pourquoi ne pas l’avouer ? Une angoisse certaine saisit le marcheur solitaire. La large piste avec ses multiples rameaux parallèles s’enfonce dans l’obscurité des bois, souvent enserrée par les vestiges d’une clôture infinie qu’aucune échappée ne vient briser. Et lorsque la végétation s’éclaircit, le silence et l’immensité de la nature devant soi s’imposent dans la peur en même temps que l’âme s’emplit d’une fantastique volonté de s’y perdre.

Arrivant à Robliza, le bar de la piscine est à gauche à l’entrée du village. On y rencontre l’adjoint à l’alcalde qui tient les clés de l’ancienne école maternelle près de l’église. La gentillesse de l’accueil et la confiance faite au pèlerin pour jouir de l’ensemble des lieux et du jardin font oublier l’absence de douches. Un accueil gracieux sans donativo. Le dîner, simple et bon, est au bar de la piscine à l’heure souhaitée.

Robliza de Cojos - San Muñoz

Lundi 12 mai. Les conseils hier soir ont été formels: les récentes pluies ont gonflé les arroyos. Danger et risque de demi-tour au loin pour revenir à Robliza. Il faut prendre la RN 620 après arrêt-café à la station service à la sortie du village.

A la hauteur de Aldehuela, on me certifie que la cañada est « limpia » ; je m’empresse de la rejoindre par la petite route qui sort de Valdehuela. Superbe. Par les trouées dans la chênaie, vers le sud, la sierra se découpe grise dans le ciel bleu avec encore de larges plaques de neige. Les arroyos sont passés sans problèmes. En vue de San Muñoz, long bavardage avec un berger.

Je vais partager l’albergue confortable (chambre à deux lits, cuisine, douche chaude) avec un ancien en attente de relogement social. Tomas l’hospitalero a marché sur le camino Torres l’année dernière et me prévient « au Portugal…le chemin… ça monte…ça monte… oh lala … » (dixit en espagnol). Accueil gracieux ; donativo non prévu. Dîner au bar Chan (petite rue à gauche débouchant du chemin). Simple, bon, copieux, un prix très amical.

San Muñoz - Alba de Yeltes

Mardi 13 mai. Journée froide. A 07 heures, Tomas m’a accompagné jusqu’au premier carrefour à la sortie du village. Pour le pèlerin, le bar avait avancé l’ouverture.

Cañada splendide. Un bonheur renouvelé à chaque pas. Un renard passe tranquille à dix mètres.

Pour passer la rivière de Cabrillas, le guide de caminosantiago.usal.es conseille un léger détour par la route de santa Olalla, je prends cette option, n’ayant pas oublié une immersion par chute dans un arroyo du chemin mozárabe, il y a quelques semaines. Attention ! En quittant cette petite route pour rejoindre la Cañada, des flèches jaunes en peinture fraîche invitent à suivre une fausse direction.

En fin d’étape, la piste est effondrée dans la grande descente et les multiples bras du rio Yeltes obligent à des détours pour trouver la route de Robleda. Heureusement, le GPS facilite les passages.

Jacinto arrive au bar Goyo, sur la place centrale d’Alba de Yeltes, avec les clés de la maison des associations féminines, à deux pas; installation confortable avec coin-cuisine et douche chaude. Donativo. Dîner au bar Goyo. Bon accueil.

Alba de Yeltes - Ciudad Rodrigo

Mercredi 14 mai. Des marques aident à sortir d’Alba. Un peu plus loin, elles s’espacent, vieillissent et disparaissent à Bocacara. Les deux bars sont fermés. Une indication mal comprise, des pistes coupées par les exploitants et, au bout de quelques heures, je consulte le Garmin que, par paresse, je n’avais pas ouvert : le fond de carte du GPS m’aide à rejoindre la route. Détour sur le goudron par ma faute.

Belle fin de parcours en vue de Ciudad Rodrigo et longue promenade dans les rues et sur les places de cette ville fortifiée qui porte encore les traces de l’artillerie napoléonienne.

La fatigue incite à dormir dans une bonne adresse. Bel endroit avec grande vue, repas de qualité et agréablement servi. Cher pour le pèlerin mais c’est son choix.

Ciudad Rodrigo - Gallegos de Argañán

Jeudi 15 mai. Etape courte et facile par l’ancienne route libérée des voitures.

Dans un vallon oublié, on longe l’hacienda Marialba : un décor far-west des années 1960. Près d’un rio fleuri où de longues lianes blanches s’étirent au fil de l’eau, des cigognes nonchalantes s’envolent d’un bouquet d’arbres morts et planent au dessus de bâtiments délabrés veillés par de cochons noirs en liberté. L’étroit pont de pierres mal jointes conduit à une voie ferrée annoncée par un antique panneau de bois gris.

Le village de Gallegos est vite atteint ; il y fait très chaud en ce début d’après-midi. Un rare passant déconseille d’attendre l’ouverture de l’ayuntamiento pour se renseigner sur un gîte incertain.

Sur le territoire de la commune mais à près de cinq kilomètres de l’église et la mairie, sur la nouvelle route en direction de Ciudad Rodrigo, on trouve deux hostales invisibles par l’ancienne route d’où l’on vient. Au Campo de Argañán, accueil très aimable, bon confort de la chambre pour un prix spécial pèlerin. Bon repas au bar.

Gallegos de Argañán - Almeida

Vendredi 16 mai. Retour à l’église de Gallegos (5 kilomètres bis) et reprise du track vers Almeida.

Le chemin étant coupé à hauteur de plusieurs exploitations, le détour est obligatoire par Villar et Barquilla. On peut donc suggérer que le balisage dès la sortie de Gallegos propose la petite et tranquille route en ligne de crêtes vers Barquilla, évitant ainsi des kilomètres superflus. Ici l’horizon est lointain au-delà de la plaine immense. Villages paisibles : Castillejo au fond de sa vallée donne envie de poser le sac. Bar sympathique à Aldea où l’on rejoint la RN. Sans effort, on pousse jusqu’au Fort de la Conception pour visiter un premier exemple d’ouvrage à la Vauban et voir la plaine portugaise qui s’annonce toute proche. Attention sur ce tronçon, le bas-côté de la route nationale jusqu’à Almeida est très étroit. On caresse l’espoir que des variantes en parallèle s’éloignant des voitures seront précisées bientôt.

Almeida. A 200 mètres des portes de São Francisco qui protègent l’entrée de la ville fortifiée, residencial A Muralha. Bon accueil par le patron qui parle un français parfait. Chambre très propre et confortable, 17,50€ petit déjeuner inclus et casse-croûte pour la route en cadeau. Promenade en ville et sur le chemin de ronde, à l’heure où le soleil plonge sur la montagne portugaise vers laquelle le chemin se perd.

Almeida - Pinhel

Samedi 17 mai. La journée s’ouvre par la traversée du pont sur le Côa ; un défilé rocheux, d’une sublime beauté, que la brigade de cavalerie du futur Maréchal Ney emprunta quelques années avant le pèlerin d’aujourd’hui. Et plus loin, un autre pont, el ponte de Gaiteiros, plus intime celui-là, dont les pierres ombrées sous les chênes inspirent des pensées romantiques.

On fait halte au bar unique de Val Verde, une maison familiale où toutes les générations parlent français avec la grand’mère qui fut gardienne d’immeuble rue de Bellechasse. Le lièvre fume encore dans la casserole. Bière et jambon à prix d’ami.

Dans la montagne désolée sans repères clairs, le GPS est en main souvent. Il sauve de dérives inutiles.

On monte les rues empierrées de Pinhel. Le residencial Falcão, avenida Carneiro de Guzman, est situé sur l’itinéraire de sortie de la ville. 17,50€ la chambre correcte, petit déjeuner inclus. Diner (avec deux bières) pour 7€.

Pinhel - Trancoso

Dimanche 18 mai. Une des plus belles et aussi une des plus dures journées de tous mes chemins de Santiago (voir www.lepolardecompostelle.eu). Une des plus dures parce que, en fin d’étape, elle parait longue, très longue malgré les nombreuses haltes pour admirer la vue, la montée qui mène à la porte de Carvalho, entrée de l’atalaya de Pinhel. Une des plus belles journées aussi parce que, pendant les heures qui précédent la montée à Pinhel, sur le plateau, après le vieux pont du val de Massueime, rien d’autre n’existe que la sauvage solitude des genêts, des ronces et des roches noires à fleur de terre, cachées à demi par les fougères mauves. Le corps envahi par une jouissance euphorique ne ressent plus l’effort musculaire, l’esprit ne cherche plus à réfléchir, voire même à comparer, à admirer, à contempler, à prier ; tout l’être se dissout dans l’extase de ne plus exister. Moment rare d’ataraxie étonnée : je marche donc je ne suis plus.

Le residencial Dinis sur l’avenida de la Republica est située sur l’itinéraire de sortie de la ville. La chambre est confortable et très propre. 19 € prix pèlerin petit déjeuner (copieux) inclus. Dîner sur la place à l’intérieur des murs à la cantine des arcs pour 7€.

Trancoso - Sernancelhe

Lundi 19 mai. Jour de pluie. A Sintrão, en attaquant la montée dans les pins de la Mata da Caldeira, gentille conversation avec une femme élégante qui taille ses rosiers. Elle a travaillé 18 ans à Paris, sa pratique de la langue française en témoigne ; elle voit parfois des pèlerins, la coquille accrochée au sac, passer devant ses grilles et est intéressée par l’histoire du doctor don Diego Torres de Villarroel qu’elle promet de faire rentrer bientôt dans sa bibliothèque. Je la quitte, la remerciant pour cette sympathique rencontre et le gros morceau de fromage de chèvre qui va m’accompagner trois jours.

Le parcours correspond très exactement à la description du guide d’usal.

A Ponte do Abade, pause-café. La pluie redouble de violence. Je suis contraint d’opter pour l’asphalte de la route nationale 226. Erreur probable car si j’ai évité les chutes dans la boue, j’aie tremblé au passage des nombreux camions qui roulent sur cette route dont le bas-côté est très étroit. Tempête de grêle en arrivant à Sernancelhe. Je me réfugie chez les bombeiros près de la gare routière, à l’entrée de la ville. Le caporal de service me donne un lit dans la camarata feminina actuellement inoccupée. Batterie de douches chaudes en service gracieux. Dîner tiré du sac : fromage de chèvre.

Sernancelhe - Moimenta da Beira

Mardi 20 mai. Autre pluie toute la journée. Chemin agréable et facile jusqu’à Vila do Ponte. Puis, montée vers A Nossa Senhora das Necessidades mais, à quelques centaines de mètres du sanctuaire, la pluie empêche toute visibilité ; je suis contraint de prendre la petite route à droite qui redescend vers la plaine. Aujourd’hui, la nature est aimable malgré le mauvais temps ; un environnement très différent des grands espaces sauvages des jours précédents. Voilà une caractéristique sympathique du camino de Torres, c’est la variété des paysages, des architectures. Au village de A de Barros, on recommandera une pause au bar « In » (c’est vraiment le nom du bar) où le patron réserve un très bon accueil et sert un repas de belle qualité pour un prix modéré. Nouvelle erreur de ma part après le village de Rua : sur le conseil d’un cycliste local, je continue sur la route. J’avais déjà oublié mon expérience d’hier et l’étroitesse des bas-côtés des routes portugaises. Je n’ai pas gagné de temps. Le marcheur doit souvent marquer le pas dans le fossé. Il faut privilégier les « desvios » indiqués par le guide.

A Moimenta da Beira qu’on traverse dans toute sa longueur, je prends une chambre au residencial Pico do Media Dia, avenida 25 abril 1995, qui est parfaitement situé pour sortir de la ville. Bon accueil, bon repas, bon repos, échange intéressant avec le patron qui a vécu longtemps dans le Sud de la France et où réside encore une partie de sa famille proche. Les pèlerins sur le camino de Torres se font plus nombreux d’année en année, dit-il : on en voit maintenant près d’une demi-douzaine par semaine ; très peu de Français. Chambre 20€ petit déjeuner inclus.

Moimenta da Beira - Lamego

Mercredi 21 mai. La montée vers Sarzedo a bonne pente mais ne présente pas de difficulté majeure dans un paysage varié agréable.

Pause-café au bar Central sur la place principale de Granja Nova. De là va commencer la descente à très forte pente vers le pont médiéval d’Ucanha. Heureusement, la piste est sèche et les pierres ne roulent pas exagérément sous les semelles : c’est le genre de terrain où les deux bâtons doivent être bien en mains.

A partir d’Ucanha, les flèches jaunes récentes se font plus nombreuses et sont judicieusement positionnées. Nouveau changement d’environnement : désormais, jusqu’à Ponte de Lima, la campagne est beaucoup plus habitée et coupée par des vignes, des vergers, des jardins.

Pont sur le Balsemão et étape près de la Cathédrale, en centre ville, au residencial Solar da Se, propre et confortable, 24€ petit déjeuner inclus.

Lamego - Peso da Regua

Jeudi 22 mai. Le guide du site de l’Université de Salamanque (caminosantiago.usal.es), mon unique et claire référence pour le camino de Torres, précise que, pour rejoindre Mesão Frio, l’étape est « larga (27,9 km) con desniveles muy fuertes » et conseille d’étudier l’opportunité de couper l’étape en deux avec arrêt à Peso da Regua.

La météo n’est pas au beau fixe. C’est décidé : n’étant ni jeune ni sportif accompli, l’objectif du jour sera la vallée du Douro et le pont de Peso da Regua.

Sortie de Lamego par la rue de Boavista. Puis terrain varié, très ondulé, petites routes, pistes larges et sentiers étroits avec, partout, de belles vues sur les vallées au loin. Itinéraire généralement bien balisé.

Peso da Regua, cité balnéaire, attend ses touristes, encore peu nombreux. Longue balade sur les bords de la rivière surveillée par une immense silhouette noire de Monsieur Sandeman plantée sur le haut de la colline. Chambre au residencial Imperio en centre ville ; confortable et propre ; 30€ petit déjeuner inclus. Bon dîner copieux au restaurant voisin « Adegua Guimarães », dans la traverse do Midão, pour 7€ boisson et café compris.

Peso da Regua - Mesão Frio

Vendredi 23 mai. Après avoir longé le Douro par le paséo fluvial au lever du soleil (belle lumière sur le fleuve et ses collines) dure est la montée par les minuscules rues et traverses pour arriver à Sergude d’où l’on grimpe encore jusqu’à Fontelas. Comme le souligne le guide, il faut s’y prendre « con calma ». Malgré les flèches et la rencontre d’habitants (dont les indications sont souvent contradictoires) l’utilité du GPS en milieu périurbain est décisive.

On poursuit par un agréable trajet entre vignes par des petits villages tranquilles.

Et après Nostim, c’est la sublime descente vers le rio Sertomenha et sa traversée par le pont Cavalar qu’on ne peut raconter parce que l’endroit est trop beau. On s’assied, on regarde, les yeux se voilent pour se rouvrir sur les brillances de l’eau qui court, la tache blanche d’un drap étendu sur les foins, les tuiles éternelles de la maison basse au creux des versants de terre noire qui protègent du monde et du temps. Seul, on s’enveloppe dans l’égoïsme bienheureux de celui qui croit inutile le partage de l’instant. Faut-il vraiment repartir ?

Au restaurant de Mesão Frio, les informations sont incertaines concernant l’existence d’auberge, refuge, residencial. Reste la casa de turismo : la décision est vite prise puisqu’il n’y a pas de choix à Mesão Frio ni dans les environs immédiats (en tous cas, aujourd’hui 23 mai 2014). A la Casa das Canilhas, excellence de l’accueil, du confort (avec piscine… mais il fait froid), de la vue sur la vallée du Douro, du petit déjeuner inclus dans un prix qui est élevé pour la bourse du pèlerin.

Mesão Frio - Amarante

Samedi 24 mai. Etonnante sonorisation de Mesão Frio : on en sort ce matin comme on y est rentré hier soir sous des airs de fado, de musique ibérique et sud-américaine, déversés avec force dans toute la campagne des alentours et sur une large distance par des hauts parleurs invisibles.

Longue montée sur le plateau. Des terres arides balayées par un vent froid qui surprend. De tous côtés, la vue est formidable. On en redescend vite pour suivre la petite route, désormais déclassée, et donc sans voitures, qui longe une rivière encaissée, traversant quelques hameaux. A noter dans l’une de ces petites « poblaciones », en bordure de la route dite rue Pombal, le bar de Carneiro dont le chorizo est particulièrement bon.

Dans le centre ville d’Amarante, 200 mètres avant le grand pont sur le Támaga, sur le trottoir de droite de la rue pavée, je prends une chambre au residencial Estoril, rua 31 janeiro ; sur la rue bruyante 20€, sur la rivière avec vue sur le pont 30€, petit déjeuner inclus. Installation vieillotte mais bon accueil. Bon diner copieux 10€.

Amarante - Guimarães

Dimanche 25 mai. On quitte Amarante après avoir monté les rues qui traversent les nouveaux quartiers d’habitation (sans grand intérêt architectural). L’étape du jour passe par une zone urbanisée qui s’étend le long de la route dépourvue encore (hélas) de variantes rurales. La présence du marcheur sur cette route, sans trottoirs souvent, est incongrue dans le trafic dominical.

A Varzea, contradiction entre des flèches jaunes fraîchement peintes et le track du GPS. Hésitations. Choix de suivre le track qui, en fait, contourne Felgueiras.

Arrivé enfin dans Felgueiras, (à mi-parcours de l’étape du jour) je ne refuse pas une opportunité qui me conduit en voiture à Guimarães (19 km).

A Guimarães, hébergement à l’hôtel Toural, largo A.L. de Carvalho. Bien situé pour visiter le centre ville dont la beauté et l’atmosphère décalée dans le temps méritent l’inscription au patrimoine de l’UNESCO. Bon accueil ; chambre et salle de bains très confortables ; 55€, petit déjeuner copieux compris.

Guimarães - Braga

Lundi 26 mai. Etape facile bien fléchée dès le centre de Guimarães à partir de la très jolie place de Santiago.

Après quelques kilomètres de goudron sur la passante RN 101, la déviation par le pont étonnant des Taipas qui affleure l’eau sur toute sa longueur, est agréable en terrain varié et calme.

Magnifique montée pour traverser la forêt d’eucalyptus de Falperra. Ici encore le GPS est d’une utilité certaine car des éboulis, des pertes de balises dans une végétation assez dense et des chutes d’arbres qui obligent à des détours rendent le maintien de la bonne direction plutôt aléatoire.

Après le sanctuaire de sainte Marie-Madeleine, on redescend vers Braga par un sentier en bordure de route qui permet d’être à l’abri de la circulation des voitures. Le parcours en ville pour rejoindre la cathédrale tient du labyrinthe parfait ; même s’il est fléché, rater la vision d’une marque est le risque évident d’une perte de temps sérieuse ; sans modération, on use du GPS.

Chambre correcte à 300 mètres de la cathédrale à l’Albergaria da Se, rua Gonçalo Pereira; 40€ petit déjeuner inclus (attendre 08 heures). Pour le dîner, la porte voisine de l’entrée de l’hôtel donne sur un restaurant qu’on peut éviter.

Braga - Ponte de Lima

Mardi 27 mai. A la sortie de Braga, vigilance et prudence sur la RN 201 que l’on doit emprunter jusqu’à Vila de Prado et que l’on retrouve en fin d’étape. Le mardi est jour de marché à Vila de Prado; fendre la foule, accoutré en pèlerin, ne laisse pas les chalands indifférents; les encouragements sont nombreux et souriants.

Etape longue en kilomètres sur un terrain bien ondulé mais sans difficulté. Qui a connu la montée à l’atalaya de Trancoso et les « subidas » de Mesão Frio grimpe allègrement jusqu’au col des Chèvres.

La voie romaine XIX assure une progression agréable loin des voitures par toute une succession de petits villages qui sont autant de possibilités de pause pour la soif.

A Ponte de Lima, rencontre des premiers pèlerins vus depuis Salamanque ; ils viennent tous de Lisbonne ou Porto par le classique chemin portugais via Barcelos.

Ponte de Lima : Alojamiento Local Sao João, bon accueil et chambre correcte 30€ (avec salle de bain privée) 25€ (sdb collective) Agréable dîner dans un cadre local à la Taverna Vaca das Cordas, rua Padre Francisco Pacheco.

Conclusion

Il pleut en Galice. J’ai flâné quelques instants sur le grand pont, un peu triste d’arrêter à Ponte de Lima mon chemin pour des raisons de calendrier parisien. Je vais ajouter le camino Torres aux souvenirs d’autres chemins dont le chemin portugais de Lisbonne à Santiago qui date d’il y a quelques années.

Le camino Torres est un très beau chemin. On s’étonne que les associations françaises le connaissent si peu. Les Italiens et les Européens du Nord commencent à venir. Les communes comme les associations espagnoles et portugaises s’emploient à améliorer l’accueil, le balisage et tentent d’inventer de nouvelles variantes pour diminuer encore les quelques emprunts obligés aux routes nationales. Qu’elles en soient remerciées.

Pour en savoir plus sur le camino de Don Diego Torres de Villarroel caminotorres.com.